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17 juin 2009 3 17 /06 /juin /2009 08:44
La ville d'Orléans a décidé de commencer ce nouveau siècle en se passant de pesticides. Depuis l'an 2000, la ville utilise la protection biologique intégrée (PBI) pour lutter contre les pucerons et autres parasites des plantes de ses serres et jardins.

Qu'est-ce que la protection biologique intégrée ?
C'est tout simplement l'utilisation de méthodes naturelles pour lutter contre les prédateurs des plantes. Cette méthode est apparue, il y a environ 25 ans en France et elle fonctionne très bien. La PBI utilise des prédateurs qui se nourrissent des parasites des plantes ou bien qui parasitent eux-aussi ces "indésirables". Le recours aux pesticides est réservé en cas d'insuffisance de la protection biologique, mais le plus souvent la méthode fonctionne au-delà des espérances des jardiniers. La ville d'Orléans est un bel exemple de réussite dans ce domaine : dans les serres tropicales, l'utilisation de produits phytosanitaires a été réduite de 95% et de 100% dans les jardins ! Un autre constat a été fait : celui du retour d'oiseaux, d'abeilles, de papillons et de lézards dès la première année de lutte biologique.

Le premier site ayant bénéficié de la PBI a été la serre tropicale où des cochenilles se développaient l'hiver. Ces "poux des plantes" aspirent la sève des végétaux sur lesquels ils se fixent. Son prédateur naturel principal est la coccinelle (présente sur place) mais elle ne se multiplie plus lorsque les jours raccourcissent. Un apport supplémentaire de coccinelles a été effectué pour renforcer l'action des coccinelles existantes. Les jardiniers ont alors laissé faire la nature. Un mois plus tard, seule une petite population de cochenilles s'était développée au lieu de populations importantes les années précédentes. Des pulvérisations d'huile de colza puis de savon l'ont alors éliminée complètement.

A l'extérieur, ce sont d'abord des mûriers qui ont été débarrassés des mêmes cochenilles. Un nettoyage à haute pression a été effectué pour en décoller une partie sur les branches, puis un traitement avec une huile de colza a été appliqué. Mais ce traitement a été arrêté dès l'apparition de coccinelles pour ne pas perturber l'arrivée de leurs larves. Trois apports de larves de coccinelles ont par ailleurs été fait en début d'été et des coccinelles des serres ont été prélevées et lâchées dans les mûriers. A la fin de l'été, les populations de cochenilles avaient diminué. En septembre, des caches hivernales ont été fabriquées pour les coccinelles afin d'en conserver un maximum pour le printemps suivant. L'année suivante, les cochenilles avaient complètement disparu sans aucune intervention humaine.

Toujours à l'extérieur, un mur végétalisé montrait des feuilles flétries. En regardant derrière un panneau, les jardiniers ont découvert de nombreuses larves d'Otiorhynques. Des introductions de nématodes, prédateurs de la larve ont été faites. Quelques mois plus tard, le mur végétalisé présentait un aspect resplendissant. Enfin, pour le Jardin des roses, une stratégie a été conçue dès l'aménagement du site, en ajoutant des plantes accompagnatrices favorisant la présence d'insectes "amis". Des espèces mellifères (pour insectes butineurs) et des plantes répulsives ont ainsi été placées entre les rosiers. Puis, dès l'apparition des boutons de roses, une application hebdomadaire de soufre et de bouillie bordelaise a été faite en prévention de l'apparition de champignons (maladies cryptogamiques). Les premiers pucerons ont quant à eux été éliminés grâce à l'apport de 4 auxiliaires naturels : une petite guêpe parasitoïde (Aphidius colemani) qui pond ses oeufs dans les pucerons et provoque la mort de ces derniers, un insecte vert pâle aux grandes ailes transparentes (Chrysopa carnea) dont la larve se nourrit de pucerons, d'acariens, de cochenilles, de thrips et de mouches blanches, un acarien prédateur d'autres acariens et de la coccinelle qui se nourrit de pucerons. Les résultats ont été "concluants".

La ville d'Orléans a vu l'utilisation de pesticides se réduire à néant ou presque, le retour d'oiseaux, d'abeilles, de papillons et de lézards dès la première année de lutte biologique, mais aussi celle d'autres auxiliaires naturels comme le syrphe, le chrysope, la punaise et le diptère. La ville souhaite aujourd'hui renforcer la présence de papillons, d'abeilles et d'autres butineurs sauvages en développant la présence de plantes mellifères et d'abris naturels pour les accueillir l'hiver. Elle a par ailleurs proposé de mener à bien des expériences de lutte biologique dans les jardins du Parc floral d'Orléans la Source, au jardin de la Charpenterie ainsi qu'à la roseraie de Saint Marceau.

(photo Main verte)
article paru le 22 février 2008 dans l'ancienne version de Bonnes Nouvelles Environnementales.
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commentaires

O
Vive Orléans ! Espérons que cette expérience fasse boule de neige... :-)
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K
à souhaiter que d'autres villes prennent cet exemple et s'y mettent aussi...
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E
il faudrait que toutes les villes fassent le même effort
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J
Que voilà une nouvelle qu'elle est bonne ... Mais je rassure Kahouette, d'autres villes ou même des villages font de beaux efforts ... Et ne communiquent pas forcément sur le sujet.<br /> En tous cas, cela montre que le bzzz du net sert un peu à quelque chose ...
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K
Mais quelle bonne et belle nouvelle !!! Pourquoi les autres villes ne font-elles pas de même ? Ce serait si simple...meuh non...on préfère aller plus vite et intoxiquer la population et les gentils auxiliaires...Pffff ! On devrait passer HOME en boucle sur certains panneaux d'affichage qui défigurent le paysage....Tiens ça aussi c'est une belle et bonne idée....non ? gros bisous Manita et surtout belle soirée, je pense bien à toi :)
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