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2 mai 2011 1 02 /05 /mai /2011 15:24

P1000168_2.JPGPeu connus du grand public, les Etablissements Publics Fonciers (EPF) interviennent dans le réaménagement de terrains industriels ou de zones en friche. Ces actions aboutissent parfois à la réhabilitation en zones naturelles d’espaces parfois surprenants, dont l’utilisation était loin d’être écologique à l’origine. Le directeur général de l’EPF Nord-Pas de Calais, Marc Kaszynski, présente sur Bonnes Nouvelles Environnementales quelques projets particulièrement réussis.

 

Bonnes Nouvelles Environnementales : Quelle est la fonction d’un établissement public foncier  (EPF)?

 

Marc Kaszynski : un EPF est un opérateur public de l’Etat au service des collectivités territoriales d’une région, « recycleur » de foncier, c’est-à-dire de terrains ou de sites mais aussi de biens immobiliers. Il prend en charge une partie du coût d’achat et de remise en état des sites pour développer l’offre de logement social d’une commune ou encore accompagner des projets économiques d’intérêt régional, voire national. Attention : notez bien que notre mode d’intervention reste le portage foncier. Nous ne conservons pas les terrains acquis à la demande de la collectivité !

 

BNE : L’établissement peut-il également intervenir dans la protection de l’environnement ? Depuis combien de temps ?

 

M. K. : Oui. Spécifiquement dans le Nord-Pas de Calais, l’EPF a été créé pour requalifier les friches industrielles. On peut donc considérer que la fonction économico-environnementale était présente à sa création. Elle s’est développée ensuite par la création en 1996 du pôle de compétence des sites et sols pollués qui a permis à l’EPF de développer de l’expertise juridique, foncière et technique dans ce domaine.

Ces dernières années, dans le cadre de l’avenant pour 2011-2014 au programme pluriannuel d’intervention 2007-2013, l’EPF a vu s’accroître la protection des ressources naturelles à la suite des lois Grenelle I et II qui demandent de gérer le foncier de façon économe, notamment en ville avec le principe de « ville intense », mais aussi de préserver les terres agricoles et de diminuer l’artificialisation des surfaces. Les EPF doivent aussi veiller à préserver la biodiversité. Une de leurs missions est de développer les trames vertes et bleues.

 

BNE : Concernant la biodiversité, pensez-vous qu’elle pourra se cantonner aux trames vertes et bleues ?

 

M.K. : Le mot « cantonner » ne me convient pas bien. On pourrait imaginer qu’une partie importante des efforts de protection, restauration, développement de la biodiversité puissent prendre appui sur les démarches de la trame verte et bleue. Celle-ci nécessite pour être spatialisée, une définition des modalités de contrôle des fonciers, supports permettant de garantir la durabilité des investissements. A l’EPF Nord – Pas de Calais et à partir de notre expérience de recycleur de fonciers dégradés en site urbain, nous sommes plus particulièrement intéressés par la problématique de la reconstruction d’une biodiversité «ordinaire», c’est-à-dire les espèces communes, en tissu urbain, complémentaire des sanctuaires et cœurs de nature et plutôt sous la forme de continuité de corridors à mettre en place à l’occasion des opérations de renouvellement urbain.

 

BNE : Quelle est la part environnementale dans les réalisations de l'établissement ?

 

M.K. : Au regard de la structure du budget pluriannuel d’intervention, à savoir :

50   % pour le foncier du logement locatif social,

30 % pour le renouvellement urbain,

10 % pour les projets économiques,

10 % pour l’environnement,

on peut considérer que 40 % de ses ressources sont affectés à des objets environnementaux mais, de fait beaucoup plus, puisque par exemple une partie importante des opérations pour le logement locatif social se fait dans le cadre d’opérations de recyclage foncier voire de traitement d’amiante et de sols pollués.

 

BNE : Quels sont les projets qui vous semblent les plus réussis ?

 

M.K. : En 20 ans d’existence de l’EPF Nord-Pas de Calais, c’est peut-être le formidable travail qui a été mené sur les terrils du Nord-Pas de Calais, aujourd’hui sites naturalistes ou sportifs classés au patrimoine de l’humanité par l’Unesco. Mais il y a aussi la reconversion des friches industrielles dans les villes, dont personne ne voulait car elles étaient polluées. Grâce à la collaboration de tous, à la mise en commun de compétences multiples et diverses, nous avons trouvé des moyens de sortir par le haut de situations presque ingérables. Ces sites sont à nouveau des lieux de nature et d’histoire, avec une portée sociale importante.

 

BNE : justement, quelles ont été les retombées sociales et économiques de ces réaménagements ?

 

M.K. : L’EPF est identifié depuis maintenant de nombreuses années tant par les collectivités territoriales que par les acteurs économiques et les associations, comme un opérateur important de transformation des handicaps auxquels cette région est confrontée depuis sa crise de restructuration économique. Le réaménagement de friches en centre-ville, par exemple, a permis de recréer un environnement attractif pour les habitants, mais aussi d’attirer de nouvelles entreprises, donc des emplois. Le développement se fait sur un territoire durable.

 

BNE : La règle sur Bonnes Nouvelles Environnementales est de donner au moins une bonne nouvelle. Vous en avez cité plusieurs, en avez-vous concernant l’avenir proche ?

 

M.K. : Oui, vous remarquerez dans notre avenant 2011-2014, que le conseil d'administration a adopté ce programme en doublant à l'unanimité les moyens financiers de l'EPF, nous permettant ainsi de poursuivre le développement de nos activités et d'embaucher des compétences nouvelles au service de ces projets d'intérêt général, ce qui dans ce climat de morosité des moyens publics est réjouissant !

 

(photo CVA)

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