La semaine pour les alternatives aux pesticides (du 20 au 30 mars) fête ses 10 ans. Chaque année, elle réunit de plus en plus d’acteurs et propose des centaines d’actions dans de plus en plus de pays. L’objectif de ces opérations est de montrer que l’on peut cultiver autrement qu’avec les produits chimiques et les engrais de synthèse, utilisés depuis la fin de la deuxième guerre mondiale seulement, mais produisant trop d’effets négatifs sur la santé des hommes (voir ici) et de la biodiversité, ainsi que sur le milieu, sur l’eau notamment.
Le printemps, période où renaît la nature, est aussi l’époque de la reprise des épandages de pesticides et d’engrais dans les campagnes. Pour montrer qu’il est possible de faire autrement, la semaine pour les alternatives aux pesticides organise pendant 10 jours chaque année des ateliers de jardinage naturel, réalise des formations, organise des expositions avec démonstration de matériel ou prépare des repas biologiques. Les publics vont du simple citoyen (qui utilise parfois dans son jardin les pesticides ou autres désherbants chimiques à mauvais escient ou dans de trop fortes proportions), à l’agent communal ou municipal, en passant par les entreprises. 36 partenaires nationaux et 18 partenaires internationaux se sont associés à la semaine cette année. Ce sont notamment des associations nature, syndicats d’agriculteurs bio, réseau de semences paysannes, les écomaires, la mairie de Paris, l’office national de l’eau et des milieux aquatiques (l’ONEMA), le mouvement rural de jeunesse chrétienne, des associations pour la santé, l’union nationale de l’apiculture française…
En 10 ans, les mentalités ont évolué vis-à-vis des pesticides. Depuis le Grenelle de l’Environnement, sous la présidence de Nicolas Sarkozy, un objectif est recherché : celui d’une baisse de 50% de l’utilisation des pesticides en France d’ici à 2018. Les professionnels ont joué le jeu mais une reprise de l’utilisation des pesticides a été notée ces dernières années. Selon l’actuel ministre de l’agriculture, Stéphane Le Foll, l’intention du Grenelle était bonne mais elle n’était pas adaptée au modèle de production agricole. Aussi, depuis un an, un nouveau modèle est expérimenté avec pour objectif de changer le visage de l’agriculture française pour que celle-ci soit toujours aussi efficace économiquement, mais qu’elle devienne aussi un modèle de sobriété chimique, exportable à l’étranger.
Avec les connaissances actuelles et les technologies de précision, on peut faire évoluer la production agricole conventionnelle (celle de l’après-guerre) vers un système agro-écologique. Par exemple, en agriculture, il est possible aujourd’hui d’adapter la dose d’azote à sa culture en fonction de son réel besoin et non plus de façon uniforme sur une même parcelle ; on a découvert que les algues peuvent remplacer avantageusement certains engrais ; les agriculteurs passent au bio dans les champs situés au-dessus d’une zone de captage d’eau ; les agriculteurs se regroupent en GIE pour répondre à des appels à projet sur la réduction des pesticides. Enfin, une exploitation maraîchère a été créée autour de peupliers et de noyers plantés par l’INRA à des fins expérimentales, en prévision de la valorisation du bois et en récréant un écosystème favorable aux insectes auxiliaires luttant naturellement contre les prédateurs des cultures.
Pour l’élevage, des installations gagnent en autonomie en produisant du méthane à partir du fumier et du lisier, transformés en énergie électrique et en engrais ; des éleveurs bovins se sont regroupés et travaillent avec le Parc Naturel du Vercors pour lutter contre un rongeur au lieu d’agir de façon isolée. Enfin, une ferme autonome en alimentation animale et en énergie produit un camembert bio certifié AOP en changeant l’alimentation des bêtes et en paillant le sol du parcours vers la stabulation, diminuant ainsi les infections au sein du troupeau et le recours aux médicaments.
Troisième volet du nouveau visage agricole français : l’enseignement agricole. Depuis un an, les établissements agricoles intègrent les méthodes de production alternative, plus durables économiquement et écologiquement, comme le non-labour ou l’utilisation d’insectes auxiliaires.
Retrouvez les exemples détaillés sur le site du ministère de l’agriculture :
http://agriculture.gouv.fr/Produisons-autrement
photo CVA