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11 février 2014 2 11 /02 /février /2014 18:55

Mme-Allain.jpgJeudi 23 janvier, les députés français ont adopté une loi interdisant l’utilisation des pesticides, fongicides, herbicides et insecticides chimiques par les collectivités et les particuliers respectivement en 2020 et 2022. Le texte, déjà voté au Sénat, a été adopté de façon consensuelle - l’ancienne majorité ayant lancé le plan Ecophyto en 2008 pour réduire de 50% en dix ans l’utilisation de ces produits.

Brigitte Allain, députée EELV de Dordogne

Cette loi répond aux préoccupations des citoyens et des décideurs(1) quant aux effets des substances chimiques sur la santé des Français. Le ministre de l’écologie, Philippe Martin, a rappelé qu’en avril 2013, « l’Institut national de veille sanitaire informait que les Français étaient plus exposés aux produits phytosanitaires que les Canadiens, les Américains ou les Allemands ». Rien d’étonnant quand on sait que la France est le premier utilisateur en Europe et troisième au monde de produits phytosanitaires. En juillet 2013, le Commissariat général au développement durable avait quant à lui publié un rapport indiquant une pollution aux pesticides de la quasi-totalité des cours d’eau du territoire. Comme l’a rappelé le ministre lors de la séance au Parlement « en 2011, 93 % des points de mesure dans les cours d’eaux étaient contaminés par des pesticides et près de 30 % d’entre eux révélaient une concentration supérieure à 0,5 microgramme par litre, qui constitue, je le rappelle, le seuil de potabilité de l’eau ». Or, Brigitte Allain, rapporteure de la commission du développement durable et de l’aménagement du territoire, a indiqué qu’en 2013 « la direction générale de la santé a demandé à l’INSERM de dresser un état des connaissances scientifiques sur les risques sanitaires associés à l’exposition professionnelle aux pesticides, d’une part, et sur l’exposition précoce du fœtus et du jeune enfant, d’autre part. Son rapport est tout sauf rassurant. L’existence d’un lien entre exposition aux pesticides et diverses pathologies paraît avéré, qu’il s’agisse de la maladie de Parkinson, du cancer de la prostate ou de certains cancers affectant les cellules sanguines ». Jacques Krabal a indiqué pour sa part « Les études le démontrent, les pesticides ont un impact sur la santé et présentent des risques importants. Personne n’aurait idée de parler de peurs irrationnelles sur ce sujet, et les pouvoirs publics ont d’ailleurs pris de nombreuses mesures depuis plusieurs années, au niveau européen comme au niveau national, pour en limiter l’utilisation progressivement.(…) Il est temps aujourd’hui de passer à la vitesse supérieure. »

 Même si l’agriculture reste le premier utilisateur de produits phytosanitaires en France, les collectivités et les particuliers consomment 5 à 10% des tonnages de substances actives vendus chaque année, soit 4 500 tonnes dans les jardins potagers des particuliers et 800 tonnes dans les espaces verts communaux et des villes (forêts et promenades ouverts au public y compris)(2).

Une tendance déjà à la baisse dans les jardins et en ville

La loi confirme en réalité un phénomène déjà existant, à savoir la baisse des achats de ces produits chimiques, aussi bien de la part des particuliers (-40%) que des villes (-25%) ces quatre dernières années(2). Certains commerces ayant noté la tendance ont déjà retiré les préparations chimiques de leurs rayons. En fixant la date de 2020 et 2022, les législateurs donnent la possibilité aux villes et aux communes qui ne se sont pas encore passées de produits phytosanitaires d’apprendre à s’adapter aux méthodes naturelles. En effet, les jardiniers doivent réapprendre à utiliser des prédateurs naturels, des plantes associées ainsi que des préparations végétales pour lutter contre les maladies ou les insectes indésirables dans les jardins, comme l’ont fait des générations d’humains jusqu’à la seconde guerre mondiale. Les particuliers sont dans le même cas. En 6 et 8 ans, les connaissances auront le temps d’être acquises, sachant que les échanges entre voisins jardiniers se font bien volontiers. Passé ce délai, les utilisateurs de produits phytosanitaires chimiques concernés par cette loi seront passibles d’une amende de 30 000 à 75 000 € et de 6 mois à 2 ans d’emprisonnement. Et le Ministre d’ajouter « Cette proposition de loi offre une souplesse qui permettra à chacun de trouver des solutions adaptées (…) tout en préservant l’environnement et la santé ».

Le développement d’une filière d’avenir pour la France

En dehors de la protection de la santé des citoyens et de la préservation de l’environnement, les législateurs espèrent que l’interdiction généralisée à tout le territoire des produits chimiques dans les jardins et les espaces verts permettra à la France de développer une filière de produits de bio-contrôle, comme les pièges à phéromones ou de nouvelles préparations naturelles efficaces. Selon le ministre, « le projet de loi d’avenir sur l’agriculture, l’alimentation et la forêt pose les bases d’un développement de ces alternatives ». On ne le répètera jamais assez : écologie et économie vont souvent de pair, une chance pour développer la recherche et l’emploi au niveau national.

(1) Voir l'article sur les élus qui s'étaient engagés pour moins de pesticides (ici)

(2) chiffres tirés du discours du Ministre.

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16 janvier 2014 4 16 /01 /janvier /2014 14:44

P1000147 2-copie-1Alors que le gouvernement planche sur la transition énergétique, des collectifs de citoyens passent à l’action et créent leur propre parc éolien ou parc solaire local avec des organismes de financement solidaire et dans un but non lucratif. L’association Energie Partagée les aide à monter leur projet et à le financer. Marc Mossalgue, coordinateur de l'association, nous explique comment ces projets peuvent voir le jour en France.

Bonnes Nouvelles Environnementales (BNE) : Pourquoi est née l'association Energie Partagée ?

Marc Mossalgue (MM) : Energie Partagée est née de la conjonction de deux initiatives. D’une part, d’un fournisseur d’électricité 100% renouvelable Enercoop, créé à partir de la volonté de citoyens souvent militants et sensibles aux questions d'écologie de reprendre la main sur l’énergie dans un paysage où à l'époque personne n'osait s'ériger contre le mastodonte nucléaire français. D’autre part, de l’initiative d’autres citoyens qui ont décidé de monter des projets locaux de parcs éoliens ou de toitures photovoltaïques suite à l'ouverture progressive du marché de l’électricité en France entre 2000 et 2007. Ces collectifs de citoyens ont une démarche spécifique : les unités de productions renouvelables appartiennent aux habitants locaux. Energie Partagée a donc été créée pour diffuser ce concept et faire naître de nouvelles envies de production locale et citoyenne à partir d’énergies 100 % renouvelables. L’association s'est même dotée d'un outil financier "Energie Partagée Investissement" pour collecter l'investissement auprès de tous les citoyens de France et investir les fonds dans ces projets de bon sens, non polluants et d'avenir.

BNE : Y avait il déjà un précédent ?

MM : Depuis de nombreuses années, nos voisins européens ont bien compris que la transition énergétique ne pourrait se faire qu'avec les citoyens. Les impliquer dans la définition de la stratégie énergétique et leur faire prendre part directement aux projets locaux de parcs éoliens, de toitures solaires ou de centrales hydrauliques est devenu un moyen simple et efficace de les associer à la valorisation de ressources locales tout en les intéressant économiquement aux performances de ces productions. En France, c'est tout l'inverse. Le système énergétique hypercentralisé a soigneusement maintenu le citoyen à l'écart des grands choix énergétiques. Encore aujourd’hui, tout ce qu'on lui demande c'est d'allumer ses interrupteurs, de se chauffer à l’électricité et de payer sa facture.  

BNE : Quels sont les avantages d’installer son site de production local ?

MM : Ils sont multiples : écologiques, financiers et sociaux, sans oublier la part de bon sens. Par exemple, les grands développeurs, qui sont de grandes entreprises, investissent dans des parcs éoliens ou photovoltaïques avec une intention de rentabilité. En effet, les énergies renouvelables sont rentables car EDF est obligé de racheter l’électricité produite par les énergies renouvelables plus cher que le prix de vente de l’électricité au niveau national. Les particuliers bénéficient de cet avantage financier aussi. Mais les projets portés par Energie Partagée sont bénéfiques pour la collectivité car ils comportent un volet social avec la création d’emplois locaux, en plus de l’aspect écologique de ce type de production et des avantages de reprise en main de la production d’énergie au niveau local par la collectivité. Il y a aussi une part de satisfaction lorsque les collectifs donnent leur avis et profitent d’une source d’énergie locale qui peut être le vent, comme sur la façade Atlantique en France, le soleil, surtout efficace en dessous de 25°C (les panneaux solaires n’ont pas besoin d’une forte chaleur pour fonctionner mais d’une bonne orientation, de luminosité et d’une température moyenne) ou encore d’une source de chaleur souterraine (géothermie) comme en Région Parisienne. 

DSCF1634.jpg Ecole de Loubeyrat (63). Crédit SCIC Combrailles Durables

 

BNE : Les tarifs de rachat sont avantageux pour ces producteurs locaux, mais pour combien de temps ? 

MM : Les tarifs de rachat sont garantis par un contrat avec EDF de 15 à 20 ans. Comme la durée de vie des panneaux solaires est d’environ 25 ans, Enercoop propose de passer un nouveau contrat avec le collectif pour qu’il continue à vendre son énergie. Enercoop revend l’électricité à ses clients qui ne peuvent pas produire mais qui ont choisi ce fournisseur car il ne vend que de l’énergie renouvelable. Le tarif du nouveau contrat ne sera pas le même, mais comme les installations sont amorties, l’investisseur n’a plus de dépenses mais toujours des rentrées d’argent.

BNE : Les collectifs ne peuvent-ils pas consommer leur propre électricité ?

 

MM : Si, mais cela nécessite d’avoir des batteries pour stocker sa production. Elles coûtent assez cher et il faut un local pour les entreposer. Ce n’est pas la solution la plus développée actuellement. Par ailleurs, il est plus rentable de revendre son énergie que de la consommer. Ce que nous proposons à ceux qui veulent consommer leur production, c’est de ne vendre que l’excédent produit.

BNE : Qui peut créer un site de production d’énergie renouvelable et comment s’y prendre ?

 

MM : Les entreprises, les municipalités, les collectifs de citoyens et les particuliers. Ces derniers peuvent d’ailleurs contacter l’espace Info Energie de l’ADEME qui leur proposera de réaliser un diagnostic pour savoir si leur projet est valable. L’Agence conseillera ensuite un installateur sérieux pour installer les panneaux ou l’éolienne. Les autres peuvent s’adresser à Energie Partagée pour monter le projet, de l’idée à l’installation, en passant par le financement.

BNE : Justement, combien de temps faut-il de l’idée à la production d’énergie et combien cela coûte-t-il ?

MM : Pour un parc éolien, c’est plus long que pour du photovoltaïque. Nous le faisons en 2 ans car nous avons de l’expérience et parce que les démarches administratives ont évolué. Par ailleurs, lorsque des citoyens sont aussi des investisseurs, ils sont favorables à l’installation des structures sur leur commune. Pour le photovoltaïque, c’est très rapide, de l’ordre de 4 à 6 mois. Au niveau du coût, un projet considéré comme petit et représentant trois toitures de panneaux solaires a coûté environ 250 000 €. Energie Partagé a apporté 50 000 €, le reste est venu d’autres soutiens financiers. Un gros projet éolien à Beganne dans le Morbihan a coûté 12 millions d’Euros. Energie Partagé a apporté 500 000 €. Mais en réalité, comme le projet dépend de prêts, l’apport immédiat a été de 2 à 3 millions d’Euros pour lancer l’installation.

BNE : Il est de règle sur Bonnes Nouvelles Environnementales que la personne interrogée donne une bonne nouvelle. En avez-vous une ?

MM : Oui ! Les Français et les élus locaux se lancent plutôt bien dans les projets d’énergie collective et d’énergies renouvelables. Nous n’en sommes pas encore au niveau des hollandais où une plateforme comme Energie Partagée a collecté 1 million d’Euros pour une éolienne en 13 heures ! Pour notre part, nous avons collecté plus de 6 millions d’Euros en 2 ans qui ont une capacité à devenir 60 millions en termes de projets. Je pense sincèrement que les fonds collectés vont continuer à grossir car citoyens et collectivités commencent à voir qu’ils ont un réel intérêt économique, social et écologique à utiliser l’épargne citoyenne pour des projets d’avenir locaux.


Crédit photo marc Mossalgue : Ashoka

Cette interview n'engage que son auteur

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14 décembre 2013 6 14 /12 /décembre /2013 10:43

P1000128.JPGSi les surfaces en agriculture et élevage biologiques augmentent en France de plus de 10% tous les ans (+ 15,3% en 2011, soit plus de 1 million d’hectares dès le premier trimestre de 2012*), qu’en est-il dans le monde ? Un tour d’horizon s’impose pour savoir ce que les autres habitants de la Terre mettent dans leur assiette.

Plus de 37 millions d’hectares sont cultivés de façon biologique (certifiée ou non) dans le monde en 2011. Ce chiffre officiel est sous-estimé car certains pays, comme la Chine, ne disposent pas de statistiques. A ce chiffre, il faut ajouter la cueillette sauvage et l’apiculture, évalués à 43 millions d’hectares, soit un total de plus de 80 millions d’hectares. Ces données révèlent des situations contrastées mais d’une manière générale le plus souvent orientées à la hausse. En Asie, après une baisse entre 2009 et 2010 due à des changements de règlements (plus stricts), les surfaces bio ont repris et bondi de +33 % en 2011 ! L’Europe et l’Amérique du Nord ont connu une croissance respective de +6 et +5 %. En Afrique et en Océanie, on assiste essentiellement à une stabilisation des surfaces. En revanche, l’Amérique latine a vu ses surfaces bio diminuer de -18%, même si certaines cultures bio comme la vigne, l’olive et la canne à sucre ont fortement augmenté. La forte croissance du bio en Asie s’explique en partie par la mise en place d’un plan gouvernemental de développement de l’agriculture bio en Inde. En Europe, les plus fortes progressions de surfaces bio se sont faites en Espagne et en France. 

Un marché en progression :

Les ventes de produits bio dans le monde ont quadruplé en 10 ans. Elles représentent 50,5 milliards d’Euros (soit 65,4 milliards de $ ). Les premières estimations en 2012 font penser que le marché passera largement la barre des 70 milliards de $ en 2012. Les Etats-Unis et l’Europe continentale (UE + Suisse) consomment plus de 9 produits bio sur 10. Mais les consommateurs asiatiques achètent dorénavant de plus en plus de produits biologiques. Le marché mondial du bio devrait donc encore se développer.

En types de production, les principaux producteurs d’olives bio sont l’Espagne, l’Italie et la Tunisie. L’Espagne, la France et l’Italie recensent aussi 74% des vignobles biologiques mondiaux. Le tournesol et le soja représentent chacun 1/4 des surfaces d’oléagineux bio mondiaux. Enfin, la demande en coton bio dépasse la production. Le premier producteur de coton bio est la Turquie. Les céréales sont la première culture bio avec 2,6 millions d’hectares. Le lait, le café bio progressent ainsi que le poisson bio qui est passé de 5000 à 125 000 tonnes entre 2000 et 2011.

Consommer local

Si l'on peut se réjouir de la place croissante du bio dans l'agriculture mondiale, il est bon de rappeler qu'acheter des produits biologiques venant de l'autre bout de la planète est très consommateur de carburant. Pour moins de transport et pour le développement économique local, les consommateurs acheteront au plus près de la zone de production.


L’agriculture biologique convainc de plus en plus de consommateurs et de producteurs dans le monde. C’est d’ailleurs l’un des secteurs à connaître une croissance à deux chiffres, sauf dans les zones où elle est déjà bien développée et où la progression est encore de +5 à +6%. Les pays qui la développent y voient un intérêt financier sur un marché en progression mais aussi un atout environnemental et social. Deux d’entre eux ont d’ailleurs décidé de franchir un pas supplémentaire : le Bhoutan (pays un peu plus grand que la Belgique situé entre l’Inde et la Chine) et l’île polynésienne de Niué, qui ont décidé de passer à 100% d’agriculture bio d’ici 2020. D’autres les rejoindront peut-être, notamment les îles Malouines qui comptent déjà 36 % de leur surface agricole en bio, le Liechtenstein ou l’Autriche avec respectivement 27 et 20% de leurs surfaces agricoles en bio et déjà une longue tradition du bio.

 

photo CVA : plan de caféier bio

* chiffres de l’Agence Bio pour l’ensemble de l’article (voir le site http://www.agencebio.org)

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29 novembre 2013 5 29 /11 /novembre /2013 15:37

AC---cochenille--4-.jpgLe 7 juin 2013, trois jardins de la ville de Troyes, en Champagne, ont reçu le label national Ecojardin. Valable 3 ans, ce label décerné par l’association Plante et Cité reconnaît que les espaces verts récompensés sont entretenus dans une démarche globale raisonnée, avec un objectif supplémentaire de sensibilisation envers le public.

Le label reconnaît une large palette de critères, comme la structure des sites, le sol, la gestion de l’eau, de la faune et de la flore, les équipements et matériaux, les matériels, les formations du personnel ou encore l’accueil et la sensibilisation du public. Concernant la faune, la ville a créé dans les trois jardins labellisés des zones refuge pour la biodiversité (prairies naturelles). Le désherbage y est également fait de façon mécanique avec une restitution des matières organiques dans les sols. 100% des déchets verts sont recyclés, notamment pour en faire un paillis de bois broyé et de produit de tontes qui protège naturellement le sol des variations de température (nuit/jour), de la perte d’humidité en été ou de la pousse de plantes invasives. Enfin, le label reconnaît la volonté d’un engagement continu dans la gestion écologique des jardins. C’est effectivement l’objectif poursuivi par la ville, qui souhaite labelliser tous ses jardins.

Un engagement écologique de plus longue durée

Mais l’action environnementale de la ville de Troyes ne s’arrête pas à ses jardins. En effet, depuis 2009, la municipalité s’attache à gérer naturellement l’ensemble de ses 120 hectares d’espaces paysagers et a développé des alternatives qui lui ont permis d’atteindre l’objectif de « zéro phytosanitaire ». Pour y parvenir, le service des espaces paysagers lutte contre les insectes ravageurs par la protection biologique intégrée. Cette méthode consiste à éliminer les nuisibles (pucerons, thrips, cochenilles, aleurodes…) en réalisant des lâchers d’insectes auxiliaires qui agissent de deux façons : soit en mangeant les nuisibles (spécialité des entomophages comme les coccinelles, véritables « ogres » à pucerons. En effet, les coccinelles adultes consomment environ 100 cochenilles/jour), soit en les parasitant, comme le fait l’hyménoptère qui pond ses larves dans le corps des nuisibles où elles se développent. Troyes compte près de 13 000 arbres en zone urbaine qui bénéficient de ces traitements écologiques ou encore de l’utilisation d’autres méthodes naturelles comme le savon noir et la pyréthrine, insecticide végétal. A noter, toutefois, la pyréthrine pouvant être nocive pour les animaux à sang froid comme les poissons, elle n’est pas utilisée dans les espaces proches du canal de la Haute-Seine. Des pulvérisations d’eau à haute pression (réalisées entre 6h et 8h du matin pour ne pas gêner la circulation) sont parfois utilisées pour compléter l’action des insectes auxiliaires. Enfin, pour la mineuse du marronnier, une larve de papillon qui pose également problème, des pièges à phéromones donnent de bons résultats, même en comptant jusqu’à 800 mineuses par arbre ! La protection biologique intégrée a permis très rapidement de ne plus utiliser de pesticides chimiques à Troyes.

Un inventaire de la biodiversité révélateur

Autre preuve de son engagement en faveur de la biodiversité, la ville a réalisé un inventaire global de la faune et de la flore locales qui a permis de confirmer la présence de faucons en ville et de redécouvrir une orchidée sauvage dans un de ses parcs. Cette espèce est réapparue en raison de la gestion raisonnée et différenciée des espaces verts. Par ailleurs, en 2012, la ville a adhéré à la fredonca, organisme de veille sanitaire du végétal pour anticiper les attaques parasitaires mais aussi pour empêcher la propagation des plantes invasives grâce à des relevés réguliers sur l’ensemble du département.

Des espaces verts interconnectés

Troyes possède des jardins publics depuis le 10è siècle. Il est donc de tradition dans cette ville d’en faire profiter le public. Une trame verte de 800 mètres connectée à la vélo-voie des lacs permet de relier espace urbain et espace rural. Le projet d’aménagement des quais de Seine a également prévu de redonner sa place à l’eau en ville et d’y réintroduire le végétal. Plus de 30 charmes ont ainsi été installés en bordure des quais en utilisant un procédé innovant permettant l’enracinement des arbres dans des cellules tout en supportant la charge de la voirie et de son trafic. Ce système permet l’absorption et le drainage des eaux de pluie grâce au sol non compacté dans la cellule. Afin d’associer les 63 000 habitants à ses projets environnementaux, la ville organise des animations pédagogiques autour du développement durable dans les écoles. Les enfants y apprennent notamment que pour chaque arbre abattu, il faut en planter deux ou que le bois utilisé doit être certifié en provenance de forêts gérées durablement. Les thèmes des déchets mais aussi des incivilités ont leur place dans ces animations pédagogiques.

Petite cerise sur le gâteau, la ville s’est aussi déclarée amie des chiens, avec un guichet du « Toutourisme » à l’office de tourisme proposant conseils et actions pour cohabiter en bonne intelligence avec nos compagnons à quatre pattes et ce, dans le respect de l’environnement, puisque les sacs à déjection disponibles pour les maîtres sont biodégradables et compostables !

photo : pose de larves de coccinelles. Crédit: Adrien Clergeot/Ville de Troye


 

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20 novembre 2013 3 20 /11 /novembre /2013 10:37

P1000107.JPGOn reproche souvent aux sujets sur l’environnement d’être alarmistes ou moralisateurs. L’exposition* qu’organise actuellement Eau de Paris sur les dessins de presse est cruellement mordante et humoristique. Conçue avec l’association Cartooning for Peace créée par Plantu, l’exposition regroupe les dessins d’une trentaine de dessinateurs. Si les sujets sont graves, on ne peut s’empêcher de rire, une belle façon de sensibiliser le public à l’importance vitale de l’eau.

* SOS le dessin de presse prend l’eau ! du 18 novembre 2013 au 1er mars 2014, Pavillon de l’Eau 77 avenue de Versailles 75016 Paris. Entrée libre.

photo CVA d'un dessin de Kroll

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15 novembre 2013 5 15 /11 /novembre /2013 15:04

100_1411.jpgRédigée courant 2010 et lancée en 2011, la Stratégie Nationale pour la Biodiversité (SNB) a pour objectif de protéger, voire de développer la biodiversité en France et en Outre-mer. Pour y parvenir, les acteurs de la société doivent la mettre en pratique. Il semble qu’aujourd’hui, le message soit bien passé et les participants ont d’ailleurs tout à y gagner.

 

En 2012, une trentaine d’entreprises avaient déposé un dossier d’engagement en faveur de la biodiversité pour obtenir une reconnaissance (un logo) après vérification par le Ministère de l’Environnement que les actions proposées avaient bien été mises en œuvre. 22 entités avaient été reconnues, surtout des structures de plus de 250 salariés. Cette année, 47 entreprises, associations, collectivités territoriales ou établissements publics ont postulé. En dehors d’un dossier non recevable, car visiblement plus proche du green-washing que de l’engagement réel en faveur de la biodiversité, presque tous ont reçu un accord de principe qui se concrétisera en une reconnaissance officielle si les plans d’actions sont bien mis en pratique. Parmi eux, on retrouve de grandes entreprises mais aussi des PME ou structures de moins de 10 salariés. Les candidats non retenus ont été encouragés à se présenter en 2014, leur plan d’actions étant incomplet, les moyens alloués insuffisants ou les actions déjà mises en place.

Des actions en interne et en externe

En quoi consistent les engagements des candidats ? Les actions proposées vont se faire en interne comme en externe, avec notamment de la formation, le recensement de bonnes pratiques et jusqu’à un système de management de la biodiversité. En externe, ce sont surtout des organisations de débats ou d’événements qui sont proposées, mais des villes ont aussi annoncé la mise en place d’une gestion exemplaire de leurs espaces verts. Un rapport à mi-parcours de la mise en œuvre des engagements sera transmis au Ministère puis un second, à la fin de la période d’engagement pour obtenir la reconnaissance.

Un très bon exercice

Le dépôt d’une demande d’engagement est un atout pour les structures qui postulent. En effet, pour réaliser leur dossier, elles sont obligées de réfléchir à leur organisation ou leurs procédés (d’approvisionnement, de production, de gestion des déchets… ). Elles trouvent dans le Guide pour l’Action de la SNB des outils concrets pour avancer sur leurs projets. Même si les plans d’actions sont parfois décalés par rapport aux objectifs de la stratégie ou que les modalités manquent de précision (calendrier, moyens humains ou financiers) ou d’indicateurs de résultat, les entreprises évaluées bénéficient de conseils pour pouvoir postuler l’année suivante. Elles sont donc déjà en partie gagnantes par le simple fait de participer. Si elles sont reconnues, elles peuvent utiliser un logo pour une validité limitée dans le temps (de 1 à 3 ans le plus souvent, en fonction de l’ampleur de l’engagement) afin d’encourager ces structures à repenser leur engagement pour encore plus de protection de la biodiversité qui est le socle de notre existence sur Terre.

Le prochain lancement d’appel à candidature est prévu vers décembre 2013 ou janvier 2014.

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5 novembre 2013 2 05 /11 /novembre /2013 16:47

DSCI0654.JPGS’intéresser aux animaux est souvent bénéfique aux humains. Ainsi, la simple observation de ses éléphants qui montraient une grande nervosité à l’approche d’un tsunami encore non visible par les hommes a permis à un cornac et à cinq touristes de se sauver de la tragédie dans le sud de la Thaïlande en décembre 2004. Fait étonnant, les sauveteurs n’ont pas retrouvé d’animaux morts après le passage des vagues tueuses. Ils étaient tous partis avant. En Chine, cette capacité des animaux à ressentir les vibrations est étudiée pour tenter de détecter à l'avance les tremblements de terre, particulièrement réguliers et mortels dans ce pays.

Au quotidien, les professionnels de la santé utilisent des animaux : le chat est très intéressant pour deux raisons : son ronronnement a un effet relaxant sur les humains. Cela s'appelle la "ronronthérapie" et c'est très sérieux. Par ailleurs, les vibrations du ronronnement aident à réparer les fractures osseuses. Les kinésithérapeutes reprennent aujourd'hui dans des appareils le principe de vibration du ronronnement pour procurer des soins sur des membres cassés.

De nouveaux métiers utilisant les animaux apparaissent aussi. Un(e) zoothérapeute, par exemple, permet à des patients de tous âges de retrouver confiance en soi (personnes déprimées) ou de gagner en autonomie (personnes âgées ou déficients physiques) en les faisant travailler avec des animaux, parfois en réalisant de simples balades. En fonction des compétences des thérapeutes, les animaux peuvent aussi bien être des chiens, des chevaux ou des dauphins. Bonheur en prime assuré.

En dermatologie ou en infectiologie, avoir des connaissances sur les insectes et sur la forme de leur piqûre peut permettre de déterminer de façon plus précise et rapide les lésions ou les pathologies des patients. La connaissance du comportement des insectes peut également permettre de donner des conseils pour les éradiquer sans utiliser de moyens chimiques et éviter ainsi la transmission des maladies à d’autres personnes.

La connaissance des insectes a également donné lieu à la lutte biologique permettant de se débarrasser des « nuisibles » dans nos cultures par l’action de leurs prédateurs. La lutte biologique évite l’utilisation de traitements chimiques. Elle est utilisée par de plus en plus de villes et de communes dans les parcs et jardins (voir ici).

Enfin, en copiant certaines productions animales, comme la toile d'araignée ou la forme des alvéoles des ruches, de nouvelles technologies voient le jour pour gagner en sécurité, en légèreté ou en place.

Il faut donc l'avouer, pour l'homme, singer les animaux n'est pas si bête !

(photo CVA)

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19 septembre 2013 4 19 /09 /septembre /2013 17:21

100_1081.jpgIl suffit parfois de peu de chose pour qu'une espèce en diminution voie ses effectifs augmenter. C'est ce qui s'est passé pour les chouettes chevêches de la réserve de biosphère transfrontalière des Vosges du Nord au début des années 2000. En réhabilitant des vergers abandonnés à l'ancienne, c'est-à-dire en laissant dépasser des branches à plus d'un mètre quatre-vingt, les chouettes chevêches de la région ont retrouvé leur habitat principal, modifié dans les vergers d'agriculture intensive.

 

(photoCVA)

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5 juillet 2013 5 05 /07 /juillet /2013 11:46

DSCI0144En Mer Méditerranée vit un animal que l'on croit connaître et qui réserve de belles surprises : le poulpe. Doté de huit pieds, le poulpe se déplace en absorbant de l'eau et en la refoulant par un siphon. Il peut d'ailleurs se propulser assez vite. Il est aussi extrêment rapide pour capturer des poissons qui passent près de ses tentacules et il les croque littéralement avec sa bouche dotée d'un bec dur. Mais le plus insolite est que les scientifiques ont découvert que le poulpe a une bonne mémoire et peut ainsi apprendre.

En ayant plus de connaissances sur les autres espèces de notre planète, nous les verrons sans doute d'un autre oeil et apprendrons à les respecter. Pour voir la vidéo sur le poulpe du Muséum national d'histoire naturelle, c'est ici.

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30 juin 2013 7 30 /06 /juin /2013 18:10

Le Muséum National d'Histoire Naturelle fait le tour de France avec les cyclistes du Tour. Pour chaque étape, il indique quelle espèce de la région l'on peut trouver, en donnant la priorité aux espèces menacées. Les téléspectateurs qui suivent le Tour à la télévision sont ainsi sensibilisés par un spot publicitaire d'une minute.

La première espèce présentée est la posidonie, plante des bords de mer de méditerrannée. Contrairement à ce que l'on croit, les posidonies ne sont pas des algues, mais des plantes qui fleurissent et font des fruits sous l'eau ! Les posidonies sont aussi des endroits où les poissons peuvent se cacher ou se nourrir. On trouve des champs de posidonie en Espagne, également. L'Etat ibérique les protège notamment des usines de dessalement qui rejettent le sel en mer. Elles ont l'obligation de le faire plus loin que les champs. Les posidonies en France peuvent être touchées par la pollution, mais aussi, plus bêtement, par les ancres des bateaux. En informant les utilisateurs, un bon nombre d'arrachages involontaires seront ainsi évités et c'est une bonne nouvelle.

La deuxième espèce de Corse présentée est la tortue d'HERMANN, tortue terrestre menacée notamment par les feux de forêt auxquels elle ne peut malheureusement pas échapper.

Retrouvez toutes les espèces du Tour de France sur leur site : ici

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